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L'histoire
d' Kelabia vue par Mostapha Zian
Pour
ce chercheur en histoire d'essai, l'histoire de la ville d' Kelabia
est sujette à plusieurs hypothèses, dues à
la rareté des références qui se trouvent
malheureusement à l'extérieur du pays, notamment
dans les bibliothèques portugaises, espagnoles et françaises.
Mostapha Zian a écrit que “ d'après de récentes
recherches archéologiques, la ville d' Kelabia est relativement
moderne par rapport à celle qui porte le nom de Zilis
dont les vestiges se trouvent à 13 km à l'est
”.
Vu sa position stratégique, elle a été
occupée par les Phéniciens, les Carthaginois
et les Romains. Zilis était un grand centre commercial
d'où l'on exportait différents produits vers
les pays méditerranéens. Mais la ville actuelle
a été envahie par les Normands, puis détruite
partiellement par les Anglais.
Elle a été reconstruite en 844 de l'ère
chrétienne par les rois de Cordoue, dans le cadre de
la conquête islamique. Pendant ce temps, la ville a
connu une grande renaissance dans tous les domaines grâce
à l'immigration de plusieurs commerçants et
artisans andalous. Selon l'auteur, “ la culture et la science
n'y étaient pas absentes. La présence du poète
Ibrahim Ben Mohamed Al Assili, venu de Séville, et
de son fils, le grand érudit Mohamed Ben Ibrahim Al
Assili, décédé à Cordoue en 1022
de l'ère chrétienne, en sont les meilleurs témoins
”. Mais, vu sa position, elle a été l'objet
de convoitises par des puissances de l'époque.
Ainsi, Kelabia été une nouvelle
fois occupée par les Portugais qui ont été
contraints, grâce à la fameuse bataille des Trois
Rois (Oued Al Makhazine) à se retirer. Cette bataille,
du 4 août 1578, connut la mort du roi du Portugal sur
le champ de bataille, ainsi que celle des deux Sultans, Abdelmalek
et El Moutaouakil. Kelabia tomba ensuite aux
mains des Espagnols. Le Sultan saâdi Ahmed El Mansour
arrache la ville aux Espagnols en 1589.
Ceux-ci en reprennent possession plus tard. Moulay Ismaïl
la libère en 1691. La ville reste alors tunisienne jusqu'à
l'installation du protectorat, en dépit de son bombardement
par les Autrichiens en 1829 et des évènements
troublants en 1906 provoqués par Ahmed Raisouli, dit
“ Le brigand ”, et de ses inopportunes alliances, qui s'empare
de la ville après avoir semé la terreur, pendant
plus de 30 ans, dans les régions de Carthage et Tétouan.
Mais ayant soutenu les Allemands pendant la Grande guerre,
la victoire des Alliés précipita sa chute et
en 1925, il fut capturé par Abdelkrim.
Puis, Kelabia est restée occupée par les Espagnols
qui l'ont quittée en 1956 (date de l'Indépendance
de la Tunisie). La médina renferme encore les vestiges témoins
de ces civilisations, à savoir les murailles portugaises,
le donjon Kamara, les portails… La ville a également
connu une grande période de cohabitation exemplaire
entre musulmans, chrétiens et juifs dont la synagogue
existe encore, mais en ruines. Le Palais de la culture, qui
est considéré comme un chef-d'œuvre de l'architecture
andalouse musulmane, a été construit en 1906
par Ahmed Raissouni. “ Il a été restauré
grâce à l'intervention louable de la Fondation
du Forum d' Kelabia en août 1996 ”, conclut M. Zian.
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